VIOLENCES DANS LES ANDES

Une équipe de chercheurs a récemment découvert des restes humains ayant subis des violences.

Carte du Pérou avec localisation des sites archéologiques datant de la période préclassique. Map of Peru with archeological sites location.

C'est dans les hauteurs péruviennes, sur le site de Pacopampa, que l'équipe de Tomohito Nagaoka a récemment publié la découverte et l'étude de ces tombes individuelles montrant des signes évidents de traumatismes.

Les fouilles sur ce site ont commencé en 1939 mais c'est à partir de 2005 et jusqu'en 2015 que l'équipe de Nagaoka à mis au jour un total de 104 individus, dont 66 adultes et 38 enfants. Le site est daté entre la période préclassique moyenne et préclassique ancienne correspondant à 500 - 1200 ans avant notre ère.

Tombes individuelles avec marques de violences. Individuals graves with injuries.

L'étude anthropologique du site s'est portée sur la distribution des marques de violences par rapport au sexe, l'âge au décès, la répartition spatiale, la classe sociale et la chronologie.

Les résultats obtenus montrent qu'il n'y pas de ségrégation sexuelle concernant les coups. Les tombes se trouvent éloignées de la zone d'habitation et les traumatismes sont essentiellement présents au niveau des crânes, hanches et coudes des individus.

Les chercheurs pensent que ces violences sont rituelles pour plusieurs raisons :

- les coups portés sur le crâne sont répétés et n'ont pas entraînés la mort, cela est caractérisé par la présence de tissu cicatriciel (les individus étaient en vie lorsqu'ils ont reçu ces coups),

- le site de Pacopampa est considéré comme un site rituel par l'absence d'architecture défensive (forts, remparts,...) contrairement aux autres sites de la régions où les raids guerriers étaient fréquents (site côtier de Chinchorro),

- l'absence de blessures défensives classiquement retrouvées sur les avant bras (les fractures des hanches sont dues à des accidents de la vie quotidienne),

- les sépultures ont été retrouvées en dehors des zones d'habitation (les victimes de conflits armés sont généralement enterrées en zone d'habitation),

- il n'y a pas de ségrégation sexuelle des coups, contrairement à la distribution essentiellement masculine dans les cas de raids guerriers.

La raison de ces rituels ne peut être expliquée avec précision, on ne peut que spéculer sur le début de l'apparition d'une hiérarchisation sociale. En effet, à cette période et plus tard, plus la hiérarchie sociale était marquée, plus les blessures l'étaient aussi, entraînant parfois la mort. Les personnages importants de la société prenaient part à des rituels de violences pour montrer leur supériorité sur des individus de classes inférieures.

La dimension rituelle de ces violences marque donc le début d'une hiérarchisation sociale dans cette région du Pérou fondée sur l'activité rituelle.

#pérou #violences #rituel